Taper, c’est gaspiller ou comment appliquer la pensée lean au processus traductionnel

Read in English: Lean-thinking the translation process…

Pas de surprise, l’image et le titre vous donnent déjà une bonne idée du contenu de cet article. J’invite néanmoins les lecteurs intrigués à m’accompagner afin d’étoffer cette réflexion.

L’une des stratégies d’affaires que l’on enseigne actuellement aux dirigeants et aux entrepreneurs de tous les secteurs, c’est d’adopter la pensée lean. Véritable philosophie, elle vise à créer « des processus qui permettent de fabriquer des produits et d’offrir des services en réduisant les efforts humains, le capital, l’espace et le temps requis, ainsi qu’en diminuant fortement les coûts et les défauts par rapport aux systèmes de gestion traditionnels » (lean.org ).

Lean, c’est une nouvelle façon d’organiser les activités humaines qui offre plus d’avantages au niveau social et ajoute de la valeur à l’échelle individuelle. Cette pensée vise à réduire, ou encore mieux, à éliminer le gaspillage, soit toute activité ou étape d’un processus qui n’ajoute pas de valeur. Par exemple, en éliminant les éléments de gaspillage de la chaîne de production, les employés peuvent alors concentrer leurs efforts et donner du temps pour un travail de qualité.

Les enseignements des maîtres sensei

La philosophie lean est inspirée de l’industrie automobile japonaise. Dans les années 1950, des sensei de la pensée lean ont remis en question les méthodes des gestionnaires de production chez Toyota en ciblant les aspects suivants.

 

  • Le lieu de travail : observer les conditions et les flux de travail actuels. C’est à la fois une marque de respect pour les employés et une occasion d’ajouter de la valeur en mettant en œuvre leurs idées et leurs initiatives plutôt que de s’efforcer de créer de la valeur en exigeant du travail.
  • Satisfaction de la clientèle et des employés : comprendre qu’elle fait partie intégrante de toutes les étapes du processus.
  • « Kaizen » : on traduit généralement ce terme japonais par « amélioration continue ». Cette quête de la perfection consiste à s’engager à améliorer les processus une étape à la fois, en y allant par tranches de 1 % plutôt que par un grand bond de 100 %. 

Éliminer tout ce qui n’ajoute pas de valeur

La méthode lean repose, entre autres, sur le principe d’« élimination du gaspillage ». À l’échelle d’une entreprise, la démarche consiste donc à comprendre les processus et à supprimer tous les obstacles qui ralentissent ou entravent les flux de travail.

Le secteur de la traduction cherche depuis longtemps à éliminer le gaspillage par divers moyens. En effet, à l’origine des premiers systèmes de mémoires de traduction apparus il y a une trentaine d’années, on retrouve la philosophie des trois R : « réduire, réutiliser et recycler ». Depuis, d’immenses progrès ont mené à la création d’applications et d’extensions conçues pour augmenter la productivité et réduire le temps et les efforts requis des traducteurs humains pour réaliser différentes tâches.

 

Pourtant, à ce jour, on avait négligé un aspect du processus traductionnel considéré dans son ensemble : l’usage du clavier traditionnel (mécanique) comme seul et unique dispositif d’entrée de texte. Je n’ai pas incendié de clavier pour illustrer cet article; d’autres l’avaient déjà fait pour moi. Cependant, je suis l’un des rares chercheurs en traductologie qui étudient l’usage de l’interface clavier-souris par les traducteurs humains. Au-delà de la traduction, des centaines de chercheurs et de penseurs ont fait la preuve que l’environnement informatique traditionnel représente un obstacle majeur au rendement cognitif, à la créativité et à la productivité. C’est particulièrement le cas des tâches de communication en langage naturel.

 

J’ai personnellement observé que près de 10 % de l’activité de frappe des traducteurs consiste à enfoncer la barre d’espacement et qu’entre 15 et 35 % des frappes visent à supprimer des caractères, à corriger des coquilles et à déplacer le curseur à l’aide des touches fléchées. Une pratique de gaspillage en grand besoin d’une solution lean. J’ai également observé que les traducteurs tapent de 3 à 7 fois plus lentement qu’ils ne disent ou lisent un texte à voix haute avec un débit naturel. D’ailleurs, le français remporte la palme de la langue la moins adaptée au clavier de toutes les langues analysées dans mes recherches à ce jour!

La traduction dictée interactive : une solution efficace disponible très bientôt!

Pour éliminer le gaspillage et ajouter de la valeur en traduction humaine, InTr Technologies applique la pensée lean à la traduction en adoptant la voix humaine comme principal mode d’entrée des traducteurs humains. En plus des autres applications de traitement du langage naturel qui, depuis des décennies, font avancer le secteur de la traduction et améliorent la productivité des traducteurs, les applications de reconnaissance vocale offrent actuellement une solution robuste et particulièrement attrayante pour la traduction. La parole est probablement notre outil de communication le plus ancien et demeure notre mode de communication le plus naturel.

Récemment, j’ai lu cette citation qui m’a fait réfléchir et qui suscitera sans doute une réflexion chez les traducteurs, les gestionnaires de projets et autres acteurs du secteur de la traduction :

 

« Au 21e siècle, une personne analphabète ne sera plus celle qui ne sait pas lire ni écrire, mais plutôt celle ne sachant pas apprendre, désapprendre et réapprendre » — Alvin Toffler

Intégrer efficacement la reconnaissance vocale au processus traductionnel suppose nécessairement de désapprendre à taper, d’apprendre à utiliser de façon efficace les applications activées par la voix et de réapprendre à dicter ses traductions, comme le faisaient de nombreux traducteurs avant l’ère informatique.

Il est grand temps de se départir du clavier mécanique et d’adopter la pensée lean appliquée à la traduction. Il est grand temps d’éliminer les éléments de gaspillage qui n’ajoutent pas de valeur au processus traductionnel afin de mieux outiller les traducteurs humains grâce à la traduction dictée interactive. Vous pouvez l’essayer dès aujourd’hui! Communiquez avec nous pour savoir comment…

 

Traduction de Gabrielle Garneau