Être traducteur, ça se fête!
Un 30 septembre, il y a douze ans déjà, j’étais assis dans une salle de classe à l’ISIT de Paris à l’attente de mon premier cours d’histoire de la traduction. Le professeur avait choisi délibérément de commencer son cours à la fête de saint Jérôme, patron des traducteurs. Un choix averti du professeur. Ayant signé la Vulgate, saint Jérôme est sans doute l’un des personnages principaux de l’histoire de la traduction. Et c’est le jour où l’on célèbre l’anniversaire de sa mort, en 420 à Bethléem, que nous, les langagiers du monde entier, célébrons la journée mondiale de la traduction.
Nous fêtons l’un des métiers les plus anciens du monde. Regarder dans l’histoire de la traduction c’est regarder aussi loin que le développement de la capacité humaine à communiquer. Nous avons déjà de quoi être fiers.
Nous fêtons aussi l’un des métiers le plus influents de l’histoire. Je veux dire, l’histoire de l’humanité est telle qu’elle est, parce qu’il y a eu traduction. Nous aurions tort de nier l’omniprésence de la traduction dans la constitution du monde, mais la plupart du temps, nous n’y réfléchissons pas assez. Comment les évènements de l’histoire se seraient-ils déroulés sans traducteurs?
En cette ère de l’intelligence artificielle et de la mondialité, pourtant, nous devons faire face à des défis sans précédent dans l’histoire de la traduction. Nous devons réinventer notre profession. « And reinventing the profession is extremely hard if your days are spent just getting the jobs done and trying to make a modest living » (Van der Meer, 2011). Déjà en 2003, Michael Cronin écrivait :
So why are translators not the eagles of the professional aviary in the new economy? (…)The difficulties of professionalization and the invisibility of translators and their work are, of course, recurrent issues in the history of translation but why are things so slow to improve?
Nous fêtons avec fierté, le 30 septembre, la profession responsable de la communication efficace entre plus de sept milliards de personnes. Une grande responsabilité, oui. Pourtant, au moment crucial de l’histoire où nous sommes, nous avons une responsabilité encore plus importante envers notre profession.
Pour arriver à combler les besoins de traduction — toujours en pleine croissance — et à modeler l’avenir de notre espèce, il faudra se réinventer. Il faudra concilier les différentes dimensions de la traduction : didactique, théorie et pratique. Il faudra des recherches plus approfondies et plus de collaborations interdisciplinaires. Il faudra des outils technologiques plus performants et mieux adaptés à la réalité du marché au XXIe siècle.
Être traducteur, ça se fête. Et plus important encore, ça se revendique.
Bonne Journée mondiale de la traduction!